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Cancers de la peau : mieux les connaître pour mieux les détecter

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Plus de 150 000 nouveaux cas de cancers de la peau sont dépistés chaque année en France. En hausse depuis plusieurs décennies, ils représentent une préoccupation des autorités de santé. Pourquoi y en a-t-il plus qu’avant ? Comment les repérer ? Comment s’en prémunir ? Décortiquons les différentes facettes et particularités de ces cancers.

Quels sont les principaux types de cancers de la peau ?

Les carcinomes : 90% des cancers cutanés

Le carcinome basocellulair

Le carcinome basocellulaire représente le type le plus fréquent avec 70% de l’ensemble des cancers cutanés.

De développement plutôt lent et local, il ne produit pas de métastase1. Pour autant, il ne faut pas négliger son diagnostic et son traitement chirurgical (qui consiste à enlever la lésion) pour éviter qu’il se développe en profondeur et atteigne certains tissus (os, muscle…). Il pourrait alors être responsable de séquelles esthétiques après l’avoir ôté.

Le carcinome épidermoïde cutané

Anciennement dénommé spinocellulaire, le carcinome épidermoïde est plus rare (20% de l’ensemble des cancers de la peau) mais plus agressif, avec un risque rare mais réel de métastases (ganglions ou organes à distance, notamment les poumons).

Ce cancer prend plus volontiers naissance sur une zone de cicatrice, de brûlure ou de plaie chronique.

Le mélanome : 10 % des cancers de la peau

Le mélanome est une tumeur maligne qui se développe aux dépens des mélanocytes. Ces cellules, localisées dans l’épiderme, sont chargées de produire la mélanine. C’est donc un cancer qui se développe à partir des grains de beauté, aussi appelés naevus.

Pour ce cancer, c’est l’explosion puisque le nombre de cas a été multiplié par plus de 5 en 30 ans. Même s’il ne représente que 10 % des cancers de la peau, près de 15 000 nouveaux cas sont diagnostiqués par an. Environ 1 800 décès par an sont dus au mélanome.

Selon le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), près de 83,5 % des mélanomes cutanés seraient dus à l’exposition solaire2.

Son fort risque de métastase fait de lui un cancer potentiellement grave. C’est pourquoi il est important de le détecter le plus précocement possible. Il est alors de bon pronostic.

La surexposition aux rayonnements UV : cause de l’augmentation de cancers de la peau

La croissance importante du nombre de cancers de la peau est clairement due à l’augmentation de l’exposition aux rayons ultraviolets (UV), naturels et artificiels. De nombreuses publications scientifiques ont prouvé leur dangerosité et leurs risques.

Le rayonnement émis par les appareils de bronzage équivaut à un ensoleillement de forte intensité. Cet usage serait responsable de 380 cas de mélanomes par an5.

En juillet 2009, le CIRC3 a classé cancérogènes les UV émis par les lampes de bronzage artificiel et a réaffirmé la cancérogénicité des radiations provenant du soleil (déjà établie depuis 1992).

Les UVA et les UVB affaiblissent le système immunitaire, induisent localement des phénomènes inflammatoires et des dommages sur l’ADN4.

Comment prévenir le risque de développer un cancer de la peau ?

Limiter son exposition au soleil et bannir l’usage des lampes à bronzer

Qu’ils soient naturels (soleil) ou artificiels (appareils de bronzage), les rayons UV ne vous veulent pas du bien. Il faut avoir en tête les règles d’une exposition adéquate (pas entre 12h et 16h, application régulière d’une crème solaire à indice de protection élevé, aucune exposition chez l’enfant de moins de 3 ans, vêtements clairs et amples, protection de la tête et des yeux).

Bien sûr, le soleil fait du bien au moral et est nécessaire à la fabrication de la vitamine D qui a lieu au cœur de notre peau. Mais pas besoin d’une exposition intensive pour cela : 5 à 10 minutes suffisent pour les peaux claires, et 15 à 30 minutes pour les peaux foncées.

Et contrairement aux idées reçues, les lampes de bronzage utilisées à visée esthétique ne préparent pas la peau au soleil. Au contraire, elles sont néfastes pour la peau. Un chiffre préoccupant : débutée avant 35 ans, l’utilisation d’appareil de bronzage artificiel augmente de 59 % le risque de mélanome !

Savoir repérer les facteurs de risque individuellement

Connaître son profil de risque grâce au phototype

Tout le monde est à risque face aux UV. Néanmoins, ce risque est plus ou moins important selon le phototype.

Pour aider à se repérer face au risque vis-à-vis d’un cancer cutané, une classification allant de I (phototype le plus clair et le plus à risque) au VI (peau, cheveux et yeux noirs, à très faible risque de coup de soleil) a été établie.

Cette classification prend en compte la couleur des cheveux, la teinte de la peau, le type de bronzage et la fréquence des coups de soleil sans protection solaire.

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Source : site Groupe de Cancérologie cutanée

Les antécédents et le contexte professionnel

En plus du phototype, il existe un ensemble de facteurs de risque à identifier. Il est important de connaître les situations conduisant à un risque plus élevé de développer un cancer cutané afin d’adopter un comportement plus vigilant et de bénéficier d’une surveillance attentive.

Ainsi, parmi les facteurs de risque identifiés de mélanome figurent :

  • des antécédents personnels ou familiaux de mélanome cutané : 10 % des mélanomes sont estimés comme étant de forme familiale ;
  • la présence d’un grand nombre de naevus (> 40), des naevus atypiques, un naevus congénital géant (diamètre > 20 cm) ou des dommages actiniques ;
  • les antécédents de coups de soleil
  • les séances d’UV artificiels, surtout avant 35 ans

Par ailleurs, concernant les cancers épidermoïdes cutanés, il existe un risque accru en cas de phototype clair, d’exposition solaire importante ou à d’autres carcinogènes cutanés.

Détecter précocement en prenant soin de soi

S’auto-surveiller et repérer les signes d’alerte

Plusieurs actions simples peuvent vous permettre de rester vigilant concernant votre peau. La première consiste à vérifier régulièrement votre peau.

Pour les zones facilement accessibles (bras, jambes, visage, ventre, thorax, pieds), vous êtes le mieux placé pour voir si l’aspect d’une petite lésion, d’une tâche ou d’un grain de beauté change. Faites-vous aider pour les zones plus difficiles à examiner comme le dos.

La règle ABCDE est une méthode simple et efficace pour surveiller les grains de beauté. 

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Source : site Institut Gustave Roussy

Certains signes doivent vous alerter :

  • Une petite tache pigmentée qui apparaît sur une peau saine ou un grain de beauté qui se modifie selon un ou plusieurs critères décrits avec la règle ABCDE peuvent être liés à un mélanome.
  • Une lésion chronique de la peau qui augmente de taille, qui s’ulcère ou qui saigne peut indiquer l’apparition d’un carcinome.
  • De manière générale, tout changement cutané nouveau sous la forme d’une tache, d’une plaque rugueuse, d’un nodule, d’un eczéma… qui ne guérit pas (ou qui disparaît puis réapparaît), peut être un signe de cancer de la peau.

 

Consulter au moindre doute et se faire suivre régulièrement

Si vous repérez un signe d’alerte, n’attendez pas : il faut consulter votre médecin traitant. Celui-ci pourra évaluer la lésion et accélérer l’obtention d’une consultation spécialisée chez un dermatologue le cas échéant.

Le médecin traitant a également pour rôle de repérer les personnes à risque à partir des facteurs de risque, afin d’orienter vers un suivi systématique chez le dermatologue. Pour les personnes à risque, il est recommandé de se faire examiner tous les 6 mois.

Les dermatologues sont spécifiquement équipés et formés à cette étude visuelle minutieuse et complète de l’ensemble de la surface corporelle pour dépister de manière très précoce un cancer cutané.

 

Sources :

  1. Greinert R et al. European Code against Cancer 4th Edition: Ultraviolet radiation and cancer. Cancer Epidemiol. 2015;39 Suppl 1:S75-83.
  2. Panorama cancers 2023
  3. Centre International de Recherche sur le Cancer. La fraction de cancers attribuables au mode de vie et à l’environnement en France métropolitaine. 2018.
  4. El Ghissassi F et al. A review of human carcinogens–part D: radiation. Lancet Oncol. 2009;10(8):751-2.
  5. Institut National du Cancer. Installations de bronzage UV: état des lieux des connaissances sur les risques de cancers. 2010.
  6. Santé Publique France Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, 2012, n°. 18-19, p. 210-3.