Le témoignage de Yasna : entre cancer du sein et grossesse

Yasna est une jeune femme de 30 ans, et l’année 2023 aura été riche en émotions pour elle. Entre grossesse, diagnostic d’un cancer du sein, accueil d’une petite fille et chimiothérapie, elle nous raconte son parcours.

Comment avez-vous su que vous aviez un cancer du sein ?

« Je suis tombée enceinte en janvier 2023, tout se passait bien jusqu’à un matin de mai 2023, sous la douche je sens une boule dans mon sein droit. Je ne panique pas à ce moment là, parce que je ne pensais pas du tout au cancer. Pour moi, le cancer du sein c’était héréditaire et pour les personnes plus âgées.. mais mon instinct de femme enceinte ne le sentait pas.

Donc le lendemain, je me rend chez ma sage femme qui contrôle et qui n’arrive pas à me dire ce que c’est. Le surlendemain, j’ai rendez-vous pour une échographie. La technicienne, inquiète, me dit de revenir la semaine d’après pour une biopsie. Elle n’ose pas se prononcer. La semaine d’après je fais ma biopsie, et je reçois finalement les résultats 10 jours après. Le rendez-vous est pris dans son bureau, et là elle m’annonce que j’ai un cancer du sein. À ce moment là, dépitée, je ne savais plus quoi penser je ne faisais que de pleurer. Le premier sentiment ? On se demande ce qu’on a bien pu faire pour mériter cela, tout simplement.”

Quel parcours avez-vous suivi pour traiter le cancer ?

“L’échographiste super sympa, me donne le contact et me prend rendez-vous avec une chirurgienne pour me prendre en charge. Le faite que j’ai 30 ans et enceinte les a bouleversé.

Je me fais opérer peu de temps après la biopsie, soit enceinte de 4 mois.
Tumorectomie + retrait de 2 ganglions. Mes ganglions n’ont pas étés atteints, mais malheureusement enceinte je ne pouvais pas faire d’IRM ou d’examens supplémentaires donc je dois passer par la case chimiothérapie.

3 chimiothérapies étant enceinte et 9 après accouchement. Les chimiothérapies ont été dures psychologiquement du fait que j’ai du tondre mes cheveux pour éviter de les voir tomber et des effets secondaires qui s’en suivent. J’ai accouché le 12 octobre d’une petite fille en pleine santé. Donc reprise des chimiothérapies.”

Auriez-vous un conseil pour les personnes qui vous lisent ?

“À l’annonce du cancer j’étais anéantie, aujourd’hui j’essaye de rester forte pour mes enfants et de rester positive. Mais pour éviter d’en arriver jusque là il faut savoir que le cancer du sein n’est pas seulement héréditaire, qu’il est aussi hormonal comme le mien, et qu’il faut savoir s’autopalper, ne pas attendre le mois d’octobre pour se dépister.

Au vu de mon âge, quand j’ai annoncé à mes proches que j’avais une boule dans le sein on me disait que ça arrivait souvent enceinte, que c’était sûrement une boule de lait. Mais heureusement que j’ai suivi mon instinct et que j’ai su en parler et vite prendre rendez-vous. N’attendez pas qu’il soit trop tard, palpez vous tous les mois, n’ayez pas peur de découvrir quelque chose, vaut mieux prévenir que guérir.”

Cancer du sein et grossesse : comment gérer ?

Selon des données compilées par l’American Cancer Society, le cancer du sein pendant la grossesse est relativement rare, représentant environ 0,2% de tous les cancers du sein diagnostiqués.

Cependant, le diagnostic du cancer du sein pendant la grossesse présente des défis particuliers, avec des implications tant pour la mère que pour le fœtus. Le traitement peut nécessiter des ajustements pour minimiser les effets sur le développement du fœtus.

Les décisions difficiles liées à la gestion du cancer du sein pendant la grossesse soulignent l’importance d’une approche multidisciplinaire impliquant des oncologues, des obstétriciens et d’autres professionnels de la santé pour assurer des soins optimaux pour la mère et le bébé. Il n’est que très rarement conseillé d’interrompre la grossesse mais cela peut être discutée au cas par cas en fonction de l’agressivité de la tumeur et du souhait de la mère.

Mais alors, comment limiter les risques ?

La grossesse est un moment où les seins subissent de nombreuses transformations. Il est souvent plus difficile de discerner les symptômes d’un cancer. C’est pourquoi il est important de pratiquer l’autopalpation et de se faire suivre par des professionnels de santé pour détecter le plus tôt possible le moindre signe suspect.

Merci à Yasna pour son courageux témoignage.